Rapport d’activité 2018-2020

L’Observatoire national de la vie étudiante occupe dans le paysage de l’enseignement supérieur une place reconnue par les acteurs institutionnels et les représentants des organisations étudiantes, pour ses travaux effectués au plan national, sur la base d’un large échantillonnage suivi dans la durée, qui permettent d’approcher la réalité du paysage étudiant français. Les résultats de ses enquêtes triennales sur les conditions de vie sont susceptibles de fonder des politiques publiques dans un domaine où les enjeux de vie étudiante prennent une importance croissante. L’OVE a vocation à constituer un outil d’aide à la décision publique en matière de vie étudiante, en particulier auprès du ministère en charge de l’enseignement supérieur. La mutation profonde du monde de l’enseignement supérieur, l’importance croissante et récente des questions de vie étudiante dans le débat supposent un élargissement des thématiques susceptibles d’être traitées par l’OVE. Nous n’en citerons que quelques exemples :

Comment évaluer l’attractivité des établissements d’enseignement supérieur français à l’heure des classements internationaux et des regroupements de structures, sur quels critères ?

Le nombre d’étudiants en mobilité internationale était de 2 millions en 2003 (soit un doublement en 20 ans), il sera multiplié par 5 d’ici 2025 selon l’OCDE ; la France avec près de 10% du total est le 3ème pays d’accueil des étudiants étrangers et surtout le 1er pays non-anglophone. Les étudiants internationaux y représentent 11 % des étudiants inscrits dans les établissements français. Il est indispensable de développer à partir des critères de vie étudiante les analyses sur cette nouvelle visibilité des institutions d’enseignement supérieur françaises. À ce titre, on ne peut qu’encourager, voire renforcer la poursuite de la participation de l’OVE au programme EUROSTUDENT dont les résultats devraient faire l’objet d’une plus large diffusion, mais aussi le développement d’un partenariat plus étroit avec les services du MESRI concernés (DGESIP et DEPP, notamment).

Comment mesurer l’impact de la politique de l’emploi étudiant ?

Le développement des politiques d’emploi étudiant (au sens de l’emploi des étudiants par les établissements universitaires conformément au décret du 26 décembre 2007 modifié) entraîne de nouvelles formes d’association des étudiants à la vie et au fonctionnement de leurs universités et de nombreux bénéfices pour les étudiants eux-mêmes dont il est encore difficile aujourd’hui de mesurer l’impact. La gestion de l’emploi étudiant a vocation à devenir un instrument de la politique nationale à l’égard des étudiants et à ce titre mérite une attention particulière.

Prendre en compte la dimension territoriale des politiques de vie étudiante.

Le renforcement des synergies entre établissements notamment par la mise en œuvre du Plan d’Investissements d’Avenir (PIA) ou la création d’universités fusionnées, a pour conséquence directe l’émergence d’un nouveau prisme d’appréhension des phénomènes étudiants sur un périmètre pertinent, celui des sites universitaires et non plus des seuls établissements. Face au double mouvement de différenciation accrue de la population étudiante et de regroupement entre établissements, appréhender aujourd’hui le paysage de l’enseignement supérieur français suppose une approche qui intègre dans le territoire universitaire tous ceux qui concourent à la mise en œuvre de politiques de vie étudiante : les CROUS, les collectivités territoriales, les entreprises pour l’emploi des jeunes, etc.

Favoriser la production d’analyses transversales sur des territoires élargis et en pleine restructuration, afin d’éclairer la construction des politiques de vie étudiante conduites au niveau national comme au niveau local fait aujourd’hui partie des priorités de l’OVE. Une telle approche doit tout à la fois permettre d’intégrer en visions infra-annuelle et pluriannuelle des analyses thématiques sectorielles, des analyses de terrain ciblées en réaction à un sujet « d’urgence » ou encore des analyses multicritères (études de coûts, nouveaux modèles économiques en matière de restauration, de logement et plus largement de services « intégrés » rendus aux étudiants, anticipation des mutualisations, emploi étudiant, décrochage, santé, rythmes universitaires, qualité….).

De même, dans le contexte inédit créé par la crise sanitaire de 2020, l’OVE entend jouer à son niveau, un rôle facilitateur en vue d’analyser les effets à moyen et long termes de la pandémie sur la vie étudiante, notamment en matière de risques accrus sur la santé et la précarité de certaines catégories d’étudiants.

Le décideur politique a de plus en plus besoin d’un savoir systémique et actualisé pour pouvoir fonder son action. La production de l’expertise est là pour déterminer le contenu de cette action : l’OVE doit prendre sa part de ce travail d’explicitation et s’inscrire dans le cadre d’un dialogue entre acteurs universitaires et politiques sur les sujets plus que jamais actuels de la qualité de vie étudiante, laquelle ne doit plus être perçue comme un sujet sectoriel déconnecté du reste des autres problématiques.

L’activité de l’OVE s’inscrit donc naturellement dans quatre champs principaux :

  • le modèle économique et social (aides, logement, restauration, emploi) ;
  • la santé et le mode de vie ;
  • la vie de l’étudiant sur le campus (transports, organisation du temps d’études et du temps personnel).
  • la mobilité géographique, sociale, et bien sûr internationale, notamment européenne ;

Il convient d’y ajouter les enjeux de vie étudiante liés à la formation elle-même : les conséquences sur les parcours et la réussite, l’organisation des cursus, la numérisation croissante des méthodes d’enseignement.

L’OVE a vocation à être une référence nationale, un centre de ressources à destination des étudiants et de leurs représentants, des équipes de direction des établissements universitaires, du ministère de tutelle, des collectivités territoriales, dans un domaine qui devient de plus en plus porteur d’enjeux de développement et d’attractivité pour les établissements. L’Observatoire doit contribuer à la mise en cohérence des réflexions et des pratiques en matière de politique de vie étudiante, afin de favoriser l’articulation de problématiques, aider à leur opérationnalisation, ce qui suppose une organisation par grands domaines d’activité : la veille, le traitement, la reconfiguration de l’information, la diffusion.  Ses travaux permettent aussi de repérer les évolutions marquantes, les ruptures, les thèmes qu’il conviendrait d’explorer. Il doit se positionner en amont comme en aval pour éclairer les problématiques les plus sensibles par des études et des recherches ciblées.

Le présent rapport d’activité de l’Observatoire établi pour la période 2018-2020 apportera, je l’espère, des éléments utiles au lecteur pour la juste appréciation des actions développées par l’OVE au service de ses missions.

Monique RONZEAU, Présidente du conseil.

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